La monnaie à Toulouse en 1222
Publié : Mar Jan 16, 2007 8:04 pmJe suis en train de lire "l'épopée cathare" de Michel Roquebert
en 1222, la croisade s'est essoufflée, Simon de Monfort est mort et Raymond de Toulouse reprend possession de ses états
Le 13 décembre, à Toulouse, il s'engage à restaurer les bonnes coutumes, notamment en termes de monnaie.
Citation:
Le même jour, il s'engagea par serment à ne pas altérer la monnaie septena créée par Raymond V et Raymond VI, autrement dit à ne pas procéder à une dévaluation.
A l'origine, le denier toulza (tolosanus, tolsanus, c'est à dire toulousain) était un denier d'argent fin qui titrait donc, comme la monnaie carolingienne, 12 deniers de loi. A la fin du onzième siècle, une première dévaluation l'avait ramené à 1à deniers de loi, autrement dit à dix douzièmes d'argent fin, le reste étant du cuivre. D'où son nom de monnaie decena. En 1178, Raymond V l'amputa de trois deniers de loi supplémentaires, ce qui donna la monnaie septena, à sept douzièmes seulement d'argent fin. Est-ce la menace de la guerre qui fit craindre aux toulousains que leur comte, pressé par le besoin de numéraire ne procédat à une nouvelle mutation qui affaiblirait de nouveau la monnaie ? Toujours est-il qu'en 1207 Raymond VI dut jurer aux consuls de ne pas dévaluer la monnaie septena. On comprend qu'en 1222 les magistrats se soient empressés d'obtenir de Raymond VII le même engagement, surtout quand on sait la place occupée par les gros marchands et les hommes d'affaire au sein de l'oligarchie toulousaine. L'accession au consulat de gens de métier ne pouvait d'ailleurs qu'inciter à son tour l'assemblée municipale à avoir toutes garanties sur la stabilité d'une monnaie qui, malgré ses deux dévaluations, était encore une des plus fortes de toutes celles qui étaient utilisées de l'Atlantique à la Méditerrannée. Il s'en faut de beaucoup, certes, que l'engagement pris par Raymond VII ait entraîné une confiance absolue dans la monnaie toulza : durant quelques vingt-cinq ans encore, les transactions commerciales, les opérations de crédit, même les contrats de loyers, de fermages et de mariage, s'accompagneront de clauses de change propres à garantir la valeur intrinsèque des paiements. Mais enfin Raymond VII, jusqu'à sa mort, tint scrupuleusement ses promesses, même aux pires heures de son règne.
Un très ntéressant livre. C'est le seul passage qui parle de monétique, mais j'ai tenu à le citer dans son intégralité car lis est très instructif sur la monnaie féodale.
C'est annonciateur de l'époque des manipulations de monnaie, sous Philippe Le Bel, 100 ans plus tard, à l'aube de la guerre de 100 ans.
en 1222, la croisade s'est essoufflée, Simon de Monfort est mort et Raymond de Toulouse reprend possession de ses états
Le 13 décembre, à Toulouse, il s'engage à restaurer les bonnes coutumes, notamment en termes de monnaie.
Citation:
Le même jour, il s'engagea par serment à ne pas altérer la monnaie septena créée par Raymond V et Raymond VI, autrement dit à ne pas procéder à une dévaluation.
A l'origine, le denier toulza (tolosanus, tolsanus, c'est à dire toulousain) était un denier d'argent fin qui titrait donc, comme la monnaie carolingienne, 12 deniers de loi. A la fin du onzième siècle, une première dévaluation l'avait ramené à 1à deniers de loi, autrement dit à dix douzièmes d'argent fin, le reste étant du cuivre. D'où son nom de monnaie decena. En 1178, Raymond V l'amputa de trois deniers de loi supplémentaires, ce qui donna la monnaie septena, à sept douzièmes seulement d'argent fin. Est-ce la menace de la guerre qui fit craindre aux toulousains que leur comte, pressé par le besoin de numéraire ne procédat à une nouvelle mutation qui affaiblirait de nouveau la monnaie ? Toujours est-il qu'en 1207 Raymond VI dut jurer aux consuls de ne pas dévaluer la monnaie septena. On comprend qu'en 1222 les magistrats se soient empressés d'obtenir de Raymond VII le même engagement, surtout quand on sait la place occupée par les gros marchands et les hommes d'affaire au sein de l'oligarchie toulousaine. L'accession au consulat de gens de métier ne pouvait d'ailleurs qu'inciter à son tour l'assemblée municipale à avoir toutes garanties sur la stabilité d'une monnaie qui, malgré ses deux dévaluations, était encore une des plus fortes de toutes celles qui étaient utilisées de l'Atlantique à la Méditerrannée. Il s'en faut de beaucoup, certes, que l'engagement pris par Raymond VII ait entraîné une confiance absolue dans la monnaie toulza : durant quelques vingt-cinq ans encore, les transactions commerciales, les opérations de crédit, même les contrats de loyers, de fermages et de mariage, s'accompagneront de clauses de change propres à garantir la valeur intrinsèque des paiements. Mais enfin Raymond VII, jusqu'à sa mort, tint scrupuleusement ses promesses, même aux pires heures de son règne.
Un très ntéressant livre. C'est le seul passage qui parle de monétique, mais j'ai tenu à le citer dans son intégralité car lis est très instructif sur la monnaie féodale.
C'est annonciateur de l'époque des manipulations de monnaie, sous Philippe Le Bel, 100 ans plus tard, à l'aube de la guerre de 100 ans.
croisade du roi de France 
