Oh arrêtez c’est tellement bon les croissants !
C’est normal que le diamètre ne soit pas exactement égal à 40mm, à l’époque les flancs de métal étaient encore assez irréguliers et la frappe au balancier venait tout juste d’arriver.
Comme vous pouvez le constater, sur l’avers il y a de nombreuses rayures sous le buste du roi et sur le revers au dessus et sur l’écu. Ce sont des stries d’ajustage : si la monnaie était plus lourde que le poids officiel, on donnait quelques coups de lime. Résultat, on se retrouve - enfin vous vous retrouvez - avec une pièce « massacrée » (ne la nettoyez surtout pas !!!). Elle ne peut pas être au dessus de Très Beau. C’est le grand maximum que l’on puisse lui donner. Et donc à cause de ces stries, la cote n’est pas très haute. C’est dommage car c’est une belle pièce, pas trop usée. Elle a été tirée à 51356 exemplaire et sur cette pièce le roi a 8 ans. J’en profite aussi pour vous dire que la série a commencé en 1646 et s’est terminée en 1654, on rajoute le millésime exceptionnel de 1659 que vous avez devant vous. La Cour des Monnaies a interdit la fabrication de l’écu de 1653 à 1662 (pour cause de pénurie de métal) sauf pour le Béarn qui a échappé à cette restriction.
Le croissant (
gargouillements d’estomac) est ce qu’on appelle un différent monétaire, propre à chaque graveur. Tournelle avait une tour, Renard je vous laisse deviner, d’autres leur monogramme ou animal favori, des croix, étoiles… Le croissant est de Pierre Bérault, directeur de l’atelier de Bayonne (le troisième depuis son ouverture en 1610) et la croix pattée en dessous du buste correspond à Guillaume Fons, le maître graveur de l’atelier de Bayonne.
C’est Henri IV qui a créé le poste de graveur général des Monnaies. Avant lui, on se contentait d’envoyer des dessins de la pièce aux ateliers provinciaux : certaines pièces avaient donc de grosses différences entre elles (même problème pendant l’Empire Romain). De 1640 à 1646, Jean Warin était contrôleur général des Poinçons et des Effigies. En 1646, il devient graveur général des Monnaies (et le restera jusqu’en 1672, date de sa mort). Son rôle était de graver les poinçons (mais pas de matrices, seulement le buste du roi, pas de pièce entière) et de les envoyer aux ateliers provinciaux qui allient à leur tour fabriquer des coins.
Warin voulait une industrie monétaire moderne et c’est lui qui a introduit le balancier après de nombreuses pleurnicheries de la part de la Cour des Monnaies, outrée qu’un jeunot vienne troubler leur train-train quotidien. On lui doit aussi le développement de ces fameux écus en argent, qui plaisaient à tout le monde sauf à la Cour des Monnaies… Mais qu’importe, il était aimé du roi et la Cour des Monnaies pouvait brailler autant qu’elle le voulait, cela n’aurait rien changé. Warin a gravé des monnaies de la fin du règne de Louis XIII et du début de celui de Louis XIV, avec lequel il s’entendait bien, il l’a initié à la numismatique. Warin, par le biais de ses monnaies, a bien servi la propagande royale. Si vous gravez des belles monnaies et grosses par dessus tout, vous montrez aux autres monarchies d’Europe que vous êtes riches et puissants.
PS : Shoei, tu nous emmerde (pour parler poliment). L'intervention d'Avl n'était ni méchante ni sérieuse (Mais si que tu es un modérateur redoutable Avl ! ), je vois deux smileys... Ca m'étonne que tu le prenne comme ça. Je te reproche de t'emballer pour un rien et aussi de poster un sujet par pièce :!:
PS2
: Le différent de Warin était soit une fleur (à 5 pétales) soit une étoile (à 5 branches). Il a été directeur de l'atelier de Lyon de 1643 à 1644.